Prosper MARILHAT - Embarcation sur la mer, 1ère moitié du 19e siècle

Vertaizon (Puy-de-Dôme), 1811 ; Paris, 1847

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© RMN-Grand Palais (MUDO - Musée de l'Oise) / René-Gabriel Ojéda - Utilisation des photographies soumise à autorisation

Peinture à l'huile sur toile. Cadre en bois mouluré doré à ornementations moulées.

H. 35 cm ; L. 60,5 cm ; Ep. 1,2 cm ; Pds 3,6 Kg (cadre+toile)

donation

998.10.40

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Acquis par la donatrice à la galerie Coligny à Paris en janvier 1989.

La localisation même imprécise de ce superbe paysage maritime, dont nous n'avons pas trouvé l'équivalent de sujet, reste difficile à établir. Faute de mieux, nous conservons pour le moment le titre donné par la donatrice. S'agit-il d'une vue des côtes italiennes, dans la région de Naples, ou d'un lac transalpin, ou davantage d'un souvenir du voyage en Orient ? Le peintre traversa, selon le trajet habituel, le Moyen-Orient du nord au sud, depuis la Grèce pour atteindre l'Egypte, à l'évocation de laquelle Marilhat (« L'Egyptien », tel qu'il se présentait à son retour) donna libre cours durant les dix années qui lui restaient à peindre. Du séjour en Egypte du grand orientaliste, Beauvais a la chance de témoigner dans sa collection, depuis 1991 et grâce à un don exceptionnel de l'Union pour la valorisation du patrimoine, avec « Vue du Nil de Basse-Egypte », tableau issu d'une collection célèbre, au chromatisme doré nuancé, tout en reflets liquides, d'un motif réduit à l'essentiel et comme dilué, d'une grande pureté d'évocation. L'œuvre choisie par Marie-Thérèse Laurenge pourrait en être une sorte de pendant contrasté, d'un format équivalent, dans une harmonie froide et une précision descriptive à laquelle échappe la « Vue du Nil ». Pas de détail pittoresque cependant dans ce vaste paysage montagneux non plus. La facture lisse, sans accident de surface, rappelle les propos de Théophile Gautier (« La Revue des deux mondes », t. XXIII, 1er juillet 1848), souvent cités par les auteurs, au sujet de l'exécution précautionneuse du peintre, dans sa dernière manière, moins audacieuse à son sens que dans les œuvres moins travaillées des débuts. Pourtant, on ne peut qu'admirer la délicatesse suggestive de la touche, les légers coups de pinceau qui fixent la lumière à la surface de l'eau, les reflets diversement animés et colorés des nuages, l'efficacité discrète de la voile blanche et du ruban de lumière que forme la ville minuscule, étalée au pied de la masse majestueuse des montagnes dominant l'arrière-plan, très éloigné. L'unité chromatique évoque la leçon de Corot et dans cet éclairage de début ou de fin de journée, certaines vues italiennes du maître paysagiste (« Le Lac de Piedeluco », 1826, Oxford, Ashmolean Museum), basées aussi sur le reflet. Dans cette toile, sans doute longuement élaborée en atelier, Marilhat conserve ce principe d'unité qu'à l'instar de Corot il a aussi expérimenté sur le motif. (Josette Galiègue, 2004)