Xavier LEPRINCE - Halte des peintres à Fontainebleau, vers 1820

Paris, 1799 ; Nice, 1826

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© RMN-Grand Palais (MUDO - Musée de l'Oise) / Thierry Ollivier - Utilisation des photographies soumise à autorisation

Peinture à l'huile sur papier marouflé sur toile. Cadre en bois mouluré doré.

H. 35,7 cm ; L. 50,5 cm ; Ep. 1,8 cm ; Pds 4,6 Kg (toile + cadre)

donation

998.10.38

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Acquis de Louis Rouart par Maurice Boudot-Lamotte le 3 mai 1955.

Le peintre grec Stamati Bulgari, élève de David, décrit dans ses « Mémoires » l'accoutrement des peintres de Fontainebleau qu'il découvre fin juillet 1821. Il a fait route, dit-il, avec « un de ces jeunes artistes qui allait y joindre ses camarades. Son costume avait quelque chose de bizarre et de curieux : un grand chapeau rabattu ombrageait son front et couvrait ses longs cheveux ; une blouse de toile grise lui servait d'habit et de torche-pinceaux ; des guêtres de même étoffe et une chaussure armée de gros clous garantissaient ses jambes grêles et ses pieds délicats ; à sa veille ceinture bigarrée étaient enfilés les bâtons de sa chaise de campagne ; d'une main, il tenait une grande toile à peindre ; de l'autre une pique pour assujettir son parasol lorsqu'il peignait ; il portait sur le dos en guise de havresac une boîte à couleurs et un chevalet. Ce fantasque accoutrement attirait, le long du chemin, les regards des voyageurs. » C'est la description quasi parfaite du peintre et de son compagnon que l'on voit émerger au centre de ce paysage esquissé en forêt de Fontainebleau par Xavier Leprince vers 1820. Il est assez fréquent que les artistes se représentent eux-mêmes au travail. Mais l'originalité de l'œuvre de Leprince est de les montrer en train de découvrir la splendeur du paysage de Fontainebleau. Leprince place les peintres au centre du premier plan de la composition et les dessine de très petites tailles. Ils sont ainsi le marqueur d'échelle de ce paysage qui devient, par cet artifice, monumental aux yeux du spectateur. Baignée d'une douce lumière matinale, les plans se succèdent par opposition entre clarté et obscurité. - Dès le début du XIXe siècle la forêt de Fontainebleau devient un lieu d'études pour les peintres. Connu, notamment comme lieu de chasse, et proche de Paris, il n'est pas très surprenant que les artistes choisissent Fontainebleau comme sujet. Ils y pratiquent la peinture dite « sur le motif », c'est-à-dire la représentation en extérieur de vues générales ou de détails (rocher, arbre, etc.) d'un paysage tel qu'il le voit. Cet attrait des artistes pour la forêt s'amplifie sous la Restauration (1814-1830), si bien que le peintre devient une figure de la forêt, parfois caricaturée comme dans certaines lithographies d'Honoré Daumier. Il n'est pas rare que deux peintres, amis ou maître et élève, choisissent de peindre ensemble sur le même site comme le critique Daumier et comme le montre notre tableau. On connaît ainsi quelques exemples de toiles « jumelles » peintes simultanément par deux artistes.