Paul FLANDRIN - Saint Jérôme, paysage, 19e siècle

Lyon, 1811 ; Paris, 1902

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© RMN-Grand Palais (MUDO - Musée de l'Oise) / Hervé Lewandowski - Utilisation des photographies soumise à autorisation

Peinture à l'huile sur papier vélin marouflé sur toile. Cadre en bois doré.

H. 63 cm ; L. 50,2 cm ; Ep.1,8 cm ; Pds 8,6 Kg (supports+cadre)

donation

998.10.28

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Acquis par Maurice Boudot-Lamotte à l'hôtel Drouot, Paris, le 14 février 1934.

Né en 347 à Stridon, près d'Aquilée en Vénétie, saint Jérôme mena une vie d'anachorète de 375 à 377 dans le désert de Syrie. Rhéteur accompli, il y écrivit « La Vie de saint Paul Ermite ». Il fut ensuite un collaborateur du pape Damase à Rome et mourut à Bethléem en 420. Fondateur de l'ordre des Hiéronymites, il est le patron des traducteurs et à la Renaissance, le patron des humanistes, le saint favori d'Érasme. Son attribut, selon la Légende dorée de Pierre de Voragine est le lion apprivoisé, un des symboles de sa pénitence au désert, avec le crâne sur lequel il médite, la pierre dont il se frappe la poitrine, la colombe inspiratrice, auxquels s'ajoutent le chapeau de cardinal à partir du XVIe siècle, les besicles au siècle suivant (accessoire inconnu de son vivant !), le crucifix, le sablier, autant d'éléments symboliques choisis par les peintres, pour caractériser plus sûrement le saint, modèle très répandu dans toutes les écoles de peinture (cf. Louis Réau, « Iconographie de l'art chrétien », 1958, t. III, pp. 740-750). Au XIXe siècle, les paysagistes néoclassiques s'emparèrent du thème du saint Jérôme pénitent en tant que figure de plein air. L'artiste offre ici « une de ses plus belles créations, avec le saint perdu, à contre-jour (donc presque invisible) dans les rochers, qui sont comme la véritable allégorie des sentiments du pénitent » (Foucart, « Le renouveau de la peinture religieuse en France, 1800-1860 », 1987, p. 311) ; « avec ce véritable escalier de rochers inondés de lumière, qui d'une croix à l'autre figure une échelle de Jacob, Paul Flandrin […] retrouve […] la capacité poétique et les pouvoirs d'illusion de Gaspar David Friedrich » (op. cit., p. 312). Notons que dans ce paysage âpre et majestueux à la ligne d'horizon très haute, Flandrin inscrit le symbole religieux de la Trinité : trois croix, trois plans de rochers. La disposition de ces éléments guide le regard de l'obscurité de la gorge rocheuse vers la lumière du ciel. Le peintre représente ainsi l'élévation spirituelle de saint Jérôme. Les falaises abruptes, les chaos rocheux, qu'il peint dans une douce tonalité mauve, Flandrin les a observés dans les tableaux du Poussin certes, et sur le motif, dans le Bugey de son enfance, en Dauphiné à Voreppe, dans le Midi à Ollioules. Dans ce tableau, les buissons délicatement fleuris de rouge vif (ces fleurs émaillent souvent les premiers plans herbeux des tableaux du peintre) adoucissent la sévérité du paysage géométrique fortement accidenté. Le ciel, réduit au quart supérieur du tableau scintille d'un bleu intense et s'anime de queues de nuages mousseux immaculés. (D'après Josette Galiègue, 2004).