Faïencerie de l'Italienne. Goincourt - Oise - plat, en 1806

Faïencerie de l'Italienne - Période d'activité : 1798 - 1897

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© RMN-Grand Palais (MUDO - Musée de l'Oise) / Tony Querrec - Utilisation des photographies soumise à autorisation

Plat en faïence circulaire à bassin peu profond, aile moyenne et bord chantourné. Pièce moulée à pâte rouge et fine. Décor en manganèse noir au pochoir et bleu de cobalt, composé dans un médaillon circulaire d'une aigle impériale. Inscription et date autour du motif. Galon rouennais sur l'aile.

D. 33 cm ; H. 4,4 cm ; Pds. 1200 g

mode d'acquisition inconnu

12.51

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Jean-Pierre Trognon (27 décembre 1757 - 12 janvier 1830), dont le nom figure dans la dédicace de ce plat, est maire du Coudray-Saint-Germer (Oise) en 1806. Dès 1789, il figure parmi les plus riches laboureurs du village à représenter l'assemblée de la paroisse du Coudray-Saint-Germer à l'assemblée du baillage de Chaumont-en-Vexin. En 1794, il participe à l'effort de guerre en fournissant des bottes de foin et de paille pour la cavalerie de l'armée du nord. En 1801, il figure déjà comme maire du Coudray-Saint-Germer lors de la promesse de fidélité à la constitution des six membres nouvellement nommés conseillers municipaux par le préfet. En 1802, les cris de « Vive Bonaparte » retentissent dans la commune, alors que le maire fait publier au son de la cloche la proclamation des consuls de la République relative à la paix issue du traité de Lunéville. Le 15 août 1802, suite au plébiscite du 2 août de Napoléon Bonaparte, il fait donner lecture de la proclamation de Bonaparte Premier consul à vie. En 1804, après le sacre de l'Empereur à Notre-Dame de Paris par Pie VII, le conseil décide de distribuer du pain, de la viande et du cidre. Le maire et les conseillers nommés par le préfet promettent soumission et obéissance aux lois de l'Empire et fidélité à l'Empereur. Ce plat se situe donc dans un contexte historique intense. Il démontre l'importance de Jean-Pierre Trognon dans la communauté, son statut social s'étant étoffé en quelques années, et son attachement à l'Empereur, dont le rayonnement dans les campagnes est alors très important. En 1830, lors de son décès, Jean-Pierre Trognon, propriétaire, exerce encore une fonction de juge de paix du canton. -- En 1921, lors de l'exposition « La Céramique ancienne du Beauvaisis au Musée départemental de l'Oise », à l'occasion des Saisons d'Art, un plat à l'aigle avec inscription, Saint-Paul, daté 1806 figure au numéro 3 du catalogue p. 56 ; il pourrait s'agir du plat dédicacé à Jean Pierre Trognon. Maurice Magnien remarque que sur les faïences de l'Italienne et de Saint-Paul, notamment sur celles de l'Italienne : « presque toujours est un personnage - parfois Napoléon - un château, une allégorie, le tout entouré d'une guirlande de petit feuillage. Beaucoup d'entr'elles (sic) portent un nom, souvent celui du potier; souvent aussi celui du personnage à qui l'objet est destiné ». Dans cette exposition, le plat daté 1806 figure comme le seul daté et le plus ancien à décor à motif napoléonien.

Motif de l'aigle impériale, cernée d'une inscription-dédicace dans laquelle figure le nom de Napoléon « empereur » et le nom de « Trognon, maire du Coudray ». L'aigle impériale est la figure principale des armoiries napoléoniennes, inspirées par la Rome antique et Charlemagne, sur lesquelles figurent également les abeilles, le collier de la Légion d'honneur, la main de justice et le sceptre, ainsi que la couronne et le manteau impérial. Pour distinguer la nouvelle aigle française des aigles de l'empereur des Romains et d'Autriche, de l'empereur de Russie, du roi de Prusse et même des États-Unis d'Amérique, on dessina une aigle romaine, empiétant un foudre (arme et attribut de Zeus (Jupiter), les ailes baissées, dans un style naturaliste, très loin des figurations héraldiques. La frise figurant sur l'aile du plat, composée en alternance d'un treillage et de demi-feuille, est appelée galon rouennais.