Auguste Félix BAUER - La leçon d'enluminure, en 1892

Lyon, 1854 ; Lyon, 1933

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© RMN-Grand Palais (MUDO - Musée de l'Oise) / Thierry Ollivier - Utilisation des photographies soumise à autorisation

Peinture à l'huile sur toile sur châssis. Cadre en bois mouluré, doré à ornementations moulées, cadre XIXe siècle.

H. 138,5 cm ; L. 99 cm ; Ep. 3 cm ; Pds 42 Kg (cadre+toile)

achat avec participation du FRAM

94.28

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Dessin préparatoire Inv. 998.14.1, également conservé au MUDO - Musée de l'Oise. Salon des artistes français.

Cette oeuvre montre un moine dominicain enseignant à un apprenti la technique de mise en couleur d'une sculpture représentant saint Martin coupant son manteau, épisode appelé « Charité de saint Martin ». Le costume de l'apprenti permet de situer l'épisode au XVe siècle, comme l'indiquent également le style des sculptures et le coffre à fenestrages gothiques. Au fond de la composition, on distingue une Piéta et, à l'extrémité droite du coffre, une Marie-Madeleine brabançonne du début du XVIe siècle. Cette Marie-Madeleine a été identifiée comme étant entrée dans les collections du musée de Cluny en 1850 avec la collection Debruge-Duménil. L'atmosphère créée par le peintre se distingue par son calme et sa douceur. Une lumière franche tombe de la baie vitrée, quadrillée de plomb pour plus de vraisemblance historique, et modèle avec suavité le volume des corps et des objets inanimés. Elle souligne la tonsure du moine et éclaire le visage de saint Martin, tandis que le profil du jeune garçon se détache sur l'éclat de la manche de son maître. Bien que tardive, et en cela elle représente un exemple intéressant de résistance aux idées nouvelles, l'œuvre de Bauer se rattache à l'esthétique lyonnaise de la peinture de genre, illustrée plusieurs décennies auparavant par le courant Troubadour, à la fois par le choix du sujet teinté d'une certaine sentimentalité et par la manière lisse aux contours continus. L'harmonie colorée fondée sur une opposition de tons roses et verts, relevée des taches plus vives d'anachroniques pots de peinture au premier plan, contribue à suggérer un Moyen Age idéal. L'intérêt du tableau réside aussi dans la riche thématique mise en œuvre par Bauer : représentation de la sculpture en peinture, vision de l'atelier d'artiste et surtout, réflexion sur la peinture dans la sculpture. 1892 est en effet l'année décisive où, pour la première fois, des sculptures polychromes sont exposées aux Salons. Le problème de la couleur se trouve désormais au cœur du débat artistique. (D'après Véronique Moreau, « La légende de saint Martin », catalogue d'exposition, Tours, 1997-1998, pp. 118-120)